Territoire et santé n°6 - Nouvelle Aquitaine

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Filières MCO-SSR et GHT : quelle redistribution des cartes ?

Les établissements de soins de suite et de réadaptation (SSR) sont un maillon essentiel du système de santé. Solution d’accueil et de prise en charge des patients en sortie de court séjour (MCO), les établissements SSR sont de fait fortement dépendants des « adressages» en provenance des services MCO.

La Nouvelle-Aquitaine et ses 200 établissements SSR représente un bon exemple : près de 65 % des séjours consommés dans les établissements SSR font suite à un passage dans un établissement MCO, soit près de 95 000 séjours.
L’un des enjeux de la planification sanitaire et des projets médicaux réside dans la structuration de filières d’aval (MCO vers SSR) cohérentes pour les patients à la fois en termes de délai d’obtention d’une place en établissement SSR mais surtout en termes de prise en charge adaptée (le bon patient au bon endroit).

L’analyse du chaînage MCO-SSR permet néanmoins de constater que les filières inter-établissements se résument en partie à une filière inter-statut. Plus de 50 % de la patientèle des MCO de Nouvelle-Aquitaine est envoyée vers un SSR de même statut juridique, comme le montre le tableau ci-dessous.
À l’aube de la mise en oeuvre des GHT et du renforcement des filières entres établissements publics, il est légitime d’interroger les impacts potentiels sur l’ensemble des établissements. Allons-nous observer un cloisonnement plus important entre les différents acteurs ?

L’impact pour les 99 établissements des secteurs privé et privé non lucratif de la région serait certainement dommageable puisque le court séjour (MCO) public reste de loin le plus gros adresseur vers des SSR : ils contribuent globalement à plus d’un tiers de l’activité totale des établissements privés et privé non lucratif.
Certains de ces établissements sont par ailleurs extrêmement dépendants du secteur public : 65 d’entre eux reçoivent plus de la moitié de leur patientèle en provenance d’établissements MCO publics.
Reste à voir comment se dessineront les projets médicaux des GHT, comment seront intégrées les coopérations entre établissements et quelle sera la stratégie des établissements hors GHT.

Assisterons- nous au développement croissant d’établissements hyper-spécialisés ? Comment seront renouvelées et délivrées les autorisations par la tutelle ? Quoi qu’il en soit, il est très probable que la région Nouvelle-Aquitaine subisse un bouleversement de la cartographie de son offre de soins de suite et de réadaptation…

Nicolas Staelen - Directeur Associé d'Altense