Territoire et santé n°8 - Ile-De-France

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Attractivité des établissements de santé parisiens : mythe ou réalité ?

En 2015, près de 5,1 millions de séjours de médecine et chirurgie ont été consommés par les Franciliens.
La région Île-de-France compte 230 établissements (sites géographiques) de médecine et chirurgie dont 59 situés à Paris intra muros. La réputation de certains établissements et l’attractivité de la capitale auraient-elles pour effet de canaliser les flux de patients de la région ?

Si 80 % des Parisiens restent à Paris pour leur prise en charge de médecine et chirurgie, les habitants de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne) sont 29 % à privilégier une prise en charge dans les établissements parisiens contre 15 % des habitants de la grande couronne (Essonne, Seine-et-Marne, Val-d’Oise, Yvelines).

Une part de cette répartition des flux peut naturellement s’expliquer par la proximité, qui reste l’un des principaux critères pour les patients. Cette attractivité est élevée alors même que Paris ne concentre « que » 25 % des établissements de la région. Cela est d’autant plus vrai pour des activités très spécialisées (brûlures, transplantations,etc.) mais s’applique également à d’autres pathologies à forte consommation.
Par exemple pour la gynécologie, la neurologie ou la rhumatologie, 30 % des Franciliens (ne résidant pas à Paris) se sont rendus vers les établissements de la capitale pour leurs soins. Ce taux atteint même 37 % pour l’ophtalmologie.

Si l’on retrouve naturellement les établissements de l’Assistance publique- Hôpitaux de Paris(AP-HP) en tête des destinations des patients (61 % des flux entrants vers Paris se font vers l’AP-HP), d’autres acteurs privés à but commercial et privés à but non lucratif bénéficient également d’une forte attractivité, liée notamment à leur réputation et/ou à leur hyper-spécialisation.

Pourtant, l’offre existe hors de Paris, quels que soient la pathologie, son niveau de complexité ou le type de patients. L’attractivité des établissements parisiens est donc bel et bien confirmée ! Elle est même indispensable à ces derniers, qui sont dépendants de ces flux externes : plus de la moitié de leur activité (54 %) provient de la banlieue.

D’un point de vue théorique de planification sanitaire, la question de la pertinence de la répartition de l’offre francilienne se pose, les flux se concentrant vers un faible périmètre pour des besoins se situant hors de celui-ci.

Nicolas Staelen - Directeur Associé d'Altense